Mille et deux nuits

Qu’y a-t-il de mieux pour véhiculer des émotions que les fables et les contes ? Tout jeunes déjà, on nous émerveillait avec les aventures de ces héros lointains par le temps et l’espace et dont nous nous plaisions à croire qu’ils avaient existé. Puis, les années passant, nous en racontons à notre tour; à nos enfants, à nos amis, à nos connaissances, pour les distraire, les émerveiller ou… les endormir.
La sultane Shéhérazade fit, elle, preuve d’une grande maîtrise du suspens et d’une inspiration sans égale qui l’accompagna mille et une nuits; nuits au cours desquelles elle conta à son époux les aventures de Sinbad, Aladdin, Ali Baba et tant d’autres, afin d’échapper à un funeste destin promis par le sultan à ses épouses après leur nuit de noces.

C’est avec cette fameuse légende que les Symphonistes d’Octodure dirigés par Damien Luy seront de retour à la salle Les Alambics de Martigny dès que les mesures sanitaires le permettront. Si le concert d’ouverture de l’année dernière avait permis de découvrir les ressources de l’ensemble avec la «Symphonie du Nouveau Monde» de Dvorak, celui-ci va lui permettre de transformer l’essai avec la non moins célèbre suite «Shéhérazade» de Nikolaï Rimski-Korsakov.

A noter que la rentrée de la saison 2020-2021 a déjà eu lieu au cours du mois d’octobre avec deux concerts à Morges et à Martigny. Produits par l’association morgienne Harmonia Helvetica, ils ont fait découvrir au public un répertoire exclusivement suisse puisque composé d’œuvres de René Gerber, Jean Daetwyler et Henryk Opienski. Il nous faut d’ailleurs saluer, dans l’oratorio de ce dernier, «L’enfant prodigue», l’excellente prestation de l’Ensemble vocal de Martigny, partenaire désormais régulier et très apprécié de l’orchestre. Ce fut aussi une belle occasion pour les Symphonistes de se faire connaître hors du canton et de répondre à une demande concrète et croissante d’ensembles modulables au sein du monde musical helvétique.

Désireux de collaborer avec des artistes régionaux et d’étendre la scène à d’autres médiums que la musique, les Symphonistes ont fait appel à un écrivain et auteur dramatique bien connu des Valaisans : Bastien Fournier. Une création originale, adaptée des contes évoqués dans la pièce, sera lue par un récitant et servira à la fois de transition et de présentation pour ses divers mouvements, tout en conservant le caractère onirique du concert.

Rêve encore pour la 1002e nuit que constitue la musique de scène que Félix Mendelssohn avait écrite pour la pièce de Shakespeare «Le songe d’une nuit d’été». Œuvre issue du cerveau précoce et talentueux d’un compositeur de 17 ans, elle prouve que parfois, le talent n’a pas d’âge.

Et justement, la jeunesse est une seconde fois à l’honneur, puisque les textes de Bastien Fournier seront interprétés par un comédien martignerain issu de l’Ecole supérieure d’art dramatique de Lausanne et dont le prénom révèle encore le jeune âge : Benjamin Bender.

Par ce clin d’œil au Théâtre Alambic, c’est donc une alliance entre musique et création théâtrale qui ouvrira cette nouvelle saison. Saison qui promet d’être bien remplie et dont nous ne manquerons pas de vous tenir informés.

Le comédien de Martigny Benjamin Bender va interpréter des textes de Bastien Fournier.